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Le jour où… « j’ai réalisé la chance d’être une maman agricultrice »

Valérie Gohier, mère de cinq enfants, concilie son métier d'agricultrice avec sa vie de famille.

Valérie Gohier, 54 ans, est mère de cinq enfants et agricultrice (de 1995 à 2017).

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Je me suis installée en 1995 avec mon mari, Noël, raconte Valérie Gohier, 54 ans. Nous avons repris l’exploitation de mes parents : 80 ha avec 25 vaches laitières et un troupeau de 40 mères charolaises. Marcellin, notre premier bébé, est né deux ans plus tard. Lauriane, Léandre, Emerance ont suivi — en l’espace de quatre ans — et en 2006, notre famille s’est encore agrandie avec l’arrivée d’Abel, le « petit dernier ». Notre première chance a été que tous soient en bonne santé. Sur cinq grossesses, la dernière a été un peu plus fatigante mais les quatre premières se sont très bien passées. J’ai toujours pu travailler — traire en particulier — jusqu’à quelques jours de l’accouchement.

Au quotidien, nous étions bien organisés mais j’étais aussi très bien épaulée. Par Noël, pour commencer : j’ai un mari très « papa ». Il s’est toujours arrangé pour être là aux petits-déjeuners, déjeuners et dîners, jouait aussi facilement avec les enfants. Petits, nos trois garçons et nos deux filles sont allés deux jours par semaine chez la même nourrice. Puis ils ont été scolarisés jusqu’au CM2, à l’école de notre village de 400 habitants. À la maison, il y a eu aussi Blandine et Solange, les travailleuses familiales de l’ADMR (1). À partir de la naissance de Lauriane, elles nous ont accompagnés à chaque maternité. Elles venaient quelques heures par semaine, se consacraient aux enfants. Elles leur ont appris à cuisiner, à faire des gâteaux, etc.

À proximité, il y avait aussi mes parents. Ils ont ajouté une dimension intergénérationnelle à notre vie de famille. En 2006, l’année de la naissance d’Abel, nous avons créé un Gaec avec deux autres fermes. Nous étions six associés, je suis alors passée sur un mi-temps. Dix ans plus tard j’ai fait le choix de quitter le groupement. J’ai repris une année d’études et aujourd’hui, je suis formatrice au centre de formation agricole de Montreuil-sur-le-Loir (Maine-et-Loire). Au contact de mes collègues mamans, je réalise le confort qui a été le mien. Je me dis que cinq maternités en huit ans n’avaient rien d’un exploit : tout s’y prêtait. Avec un peu d’organisation, tout était simple ! Marcellin, Lauriane, Léandre, Emerance et Abel nous suivaient sur l’élevage, connaissaient notre métier, nous les avons vus grandir.

Mes collègues ont bien plus de contraintes ! Je les admire. Je comprends aussi que la plupart n’aient qu’un ou deux enfants. Et je n’hésite jamais, lorsque j’interviens en formation, à livrer mon témoignage, à dire que le métier d’agriculteur permet aussi une vie de famille épanouissante.

(1) Aide à domicile en milieu rural.

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